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3 min readJan 21, 2021

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Le Futur comme composante du Passé

Ce texte s’intéressait à un projet artistique qui donnerait un sens à l’architecture de « l’après » incendie de Notre-Dame de Paris. Il avait été écrit pour être envoyé, au lendemain de l’incendie, à diverses personnalités politiques. Il est aujourd’hui la trace d’un vain labeur.

Pourrait-on imaginer, un instant, créer une sérigraphie de photographies détaillant les moindres formes de Notre-Dame avant l’incendie ?

Cette idée répondrait à trois enjeux :
- Créer de l’adhésion pour un lieu de paix
- Faire le deuil de l’évènement
- Porter l’empreinte de notre siècle

Créer de l’adhésion pour un lieu de paix

Lorsque l’on nous a posé la question de la reconstruction, si nous avions un avis, nous avons choisi un camp. Celui de ceux qui pensent que Notre-Dame doit retrouver la forme qu’elle avait avant l’incendie. Celui de ceux qui pensent que Notre-Dame doit avoir une forme nouvelle et contemporaine.

La sérigraphie ne s’intéresserait pas à la forme à venir, elle souhaiterait juste témoigner de la forme passée. Elle nous unirait, tous et toutes, indépendamment de nos convictions, dans un souvenir commun. Les photographies montreraient les détails de l’architecture avant que l’incendie n’ait eu lieu.

Faire le deuil de l’évènement

Nous avons vu le toit brûler, nous avons vu la flèche tomber. Les vidéos nous ont montré l’intégralité de la disparition d’une partie de l’édifice. Nous avons vu s’en aller dans les flammes, et à jamais, une partie de Notre-Dame.

La disparition amène le deuil. Pourtant Notre-Dame n’a pas véritablement brûlé. La matière qui constituait la charpente, le toit, et la flèche a brûlé. Mais les images de ces éléments existent toujours, et notre capacité à voir Notre-Dame intacte est possible.

La sérigraphie montrerait donc les détails de Notre-Dame, en apportant une attention toute particulière aux détails de ce qui a été consumé par les flammes. Les photographies feraient de la cathédrale un ensemble immuable, tant que nous serons là pour voir les images, et tant que les images auront des spectateurs.

Porter l’empreinte de notre siècle

On parle d’écologie, mais le 21ème siècle n’est peut-être pas le siècle de l’écologie, tant les enjeux sont forts, les crises importantes, et ce qui reste à accomplir grand. Nous n’avons pas encore gagné ce pari…

Vous êtes-vous déjà retrouvé dans un endroit qui crée de la surprise, qui attire ? Qu’avez-vous vu ? Qu’avez-vous fait ? Vous avez certainement vu nombre de gens prendre nombre de photos. Et vous avez certainement fait partie de ces gens qui prennent des photos. Notre siècle est celui de la mémoire perpétuelle grâce aux technologies numériques. L’image, omniprésente, est produite par nous tous, pour nous tous.

La sérigraphie s’appuierait donc sur une collection mondiale d’images partagées par celles et ceux qui ont photographié Notre-Dame. Ces photographies seraient sélectionnées pour retranscrire ce qu’a été Notre-Dame avant l’incendie, ce que nous en avons capté, et ce que nous voulons en raconter. Là aussi une grande attention sera portée aux détails et aux formes des éléments disparus dans les flammes.

L’idée, simple, peu coûteuse et universelle, serait donc de créer un projet s’appuyant sur la cession de photographies par des personnes du monde entier avec pour objectif de retranscrire tout ce qu’a fait émaner Notre-Dame avant l’incendie, et pour montrer aux générations futures, que le 21ème siècle, dans ses tourments et dans ses combats, aura réussi à rendre éternel encore une fois et pour toujours un monument de l’humanité.

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