L’après crise… Une histoire de deuil

M8
3 min readJan 20, 2021
Deuil 2020
2020…

Encore un article sur l’épidémie et la crise ? Non pas vraiment, plutôt une réflexion sur ce qu’implique l’après… La crise que nous traversons nous amène à espérer en souhaitant que la situation s’arrange et revienne à la « normale ». Mais vouloir revenir à cette situation connue, c’est en fait, l’enterrer et entrer dans un processus de deuil… Beau paradoxe !

Je m’attarde ici sur le deuil et notre incapacité à accepter ce qui se passe. Nous sommes soumis à des besoins de changements rapides, actuels, qui ne peuvent se faire qu’en abandonnant ce qui nous était cher.
Nous pensons abandonner, alors qu’en fait nous faisons face à la mort et subissons donc une situation…
Nous entamons, d’une part, un processus long, celui du deuil, nécessaire pour appréhender l’avenir. Et d’autre part, un processus rapide, celui de l’adaptation à un environnement totalement nouveau.
Il nous faut donc être à la fois rapides et lents…

Ô 2019… Ô monde d’avant… Tu nous manques !

Nous avons accepté les combats de 2020 (confinement, couvre-feu, distanciation sociale, travail à domicile perpétuel, diminution des loisirs et même des libertés…). Peut-être nous sommes-nous aussi résignés au combat, comme à un moyen unique pour retrouver rapidement notre passé. Un passé que la nostalgie et l’absence ont rendu désirable. Pour revenir à quelque chose de connu, aussi peut-être, face à un monde où se dessine, comme jamais, l’inconnu avec ses risques et ses pertes potentielles.

Le constat est donc simple : on veut revoir 2019. On souhaite un retour à une situation « normale ». On veut revenir à un « avant épidémie ». Vœu pieux, dans lequel nous exprimons un impossible : voyager dans le temps et le remonter ! Cette voie de l’esprit laisse percevoir une chose néanmoins : 2019 a rejoint les limbes et 2020 enterre un monde.

Demain, je ne veux plus te voir !

Une phrase à double sens. Certains y liront que demain est l’occasion de ne plus voir 2019 et le monde qui s’achève. D’autres liront que demain est une difficulté que l’on ne veut pas affronter…
Cela étant posé, il est certain que le monde de demain, ne sera pas celui d’hier. Nous sommes certainement dans un moment historique pour l’humanité.
En 1783, un volcan islandais perturbait l’économie d’un royaume empêtré dans ses dépenses militaires et dépendant de son agriculture pour ses finances. Une “goutte de lave” qui fit déborder le vase, et entraîna des évolutions importantes sur plusieurs dizaines, voire centaines d’années sur un pays, un continent et un monde…
Dans notre contexte, que nous qualifions, d’ultra-rapide, quel sera l’effet du « coup de pouce » donné par le virus ? Nul ne le sait totalement. Ce qui est certain, c’est que les changements, déjà opérant pour certains, seront rapides et important.

RIP 2019 et ton monde !

Faire le deuil nécessite de prendre conscience de la mort.
Notre volonté de retrouver un monde connu, est davantage une volonté de s’approprier demain et d’y retrouver ce que l’on appréciait avant. Il s’agit donc bien d’une prise de conscience de la disparition du monde d’avant, puisque nous formalisons par le manque une réalité : la disparition de 2019.
Notre capacité à dépasser la crise et à accepter les changements et évolutions, tient en notre capacité à accepter ce dont nous avons pris conscience. Il nous faut admettre que le monde qui s’annonce sera différent, que nous n’y retrouverons pas tout ce que nous avons laissé en 2019.

Pour terminer cette réflexion, il convient de poser une brique pour demain… Identifier ce qui nous manque, et accepter ce manque, ne nous permet-il pas de répondre à un enjeu présent ? Celui d’avoir identifié ce que l’on veut bâtir et retrouver dans ce demain si différent…

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